La naissance d'un obélisque

 

« Que l'on dégage du rocher le plus bel obélisque que le Haut et le Bas Pays aient jamais vu ! Et que l'on sculpte par ailleurs une statue du Roi en marche, une autre du Roi en Nil porteur d'offrandes et une du Roi age­nouillé tenant des vases ! »

Ainsi s'exclamaient tous les pharaons lors de la construction de leurs temples. A l'époque pharaonique, le choix du matériau était de la plus haute importance pour la construction des temples et des œuvres d'art On examinait les veines du granit, pierre parmi les plus dures, composé de feldspath, de mica et de quartz. L'extraction était délicate car il fallait choisir d'immenses monolithes d'au moins 25 mètres et de près de 600 tonnes; la moindre fissure ou le moindre éclat pouvant rendre le bloc inutilisable.

La taille de l’obélisque

Des manœuvres dégageaient le lieu d'extraction; on ôtait la couche superficielle de grès puis de granit détérioré. On préparait une plate-forme dégagée sur laquelle on devait travailler, puis on dessinait par gravure les contours du monolithe. En suivant le tracé de cette ligne, vers l'extérieur, on creusait une tranchée d'une cinquantaine de centimètres de largeur. A intervalles réguliers, on forait des trous dans lesquels on enfonçait des coins de bois. On humectait ce bois en permanence pour qu'il gonfle. La pierre éclatait, les débris étaient dégagés, on affinait le tracé.

On continuait inlassablement le travail d'extraction; la tranchée se creusait et devenait un couloir. On se mettait alors à creuser sous le monolithe qui ne reposait plus que sur quelques points. C'est là que le travail était le plus délicat car le coup le plus maladroit pouvait faire éclater la pierre.

Le transport de l’obélisque

L'énorme masse de granit devait ensuite être transportée. On l'emmaillotait et on l'attachait à tout un réseau de cordes puis on la faisait glisser le long d'une rampe en pente douce, parfois avec l'aide de plusieurs centaines d'hommes. Le monolithe glissait très lentement sur des rondins de bois et du limon sans cesse mouillé. On parvenait au bord du Nil ; on chargeait l'énorme pierre sur un grand radeau échoué sur la berge, qui pourrait naviguer lorsque la crue inonderait les berges. Cette barge devait transporter l'obélisque jusqu'à sa destination. Il fallait de nombreux mois pour remonter jusqu'à la Basse Égypte. Pendant ce temps, chaque arête était ciselée, les faces étaient polies, les inscriptions gravées; enfin on fixait de l'or sur la pointe (pyramidion) symbole de la chair de Rê.

Quelques obélisques célèbres

On connaît bien l'obélisque de Louxor qui se dresse sur la place de la Concorde à Paris, depuis 1836. Sait-on que ce monument fit son entrée dans le paysage urbain de nos villes européennes dès 1585 lorsqu'on dressa un obélisque devant Saint-Pierre de Rome. En revanche, l'obélisque de Thoutmosis III, de 60 m de hauteur, se brisa lors de son déchargement à Constantinople; seule la partie supérieure haute de 26 m fut dressée par Théodose le Grand sur le site de l'hippodrome romain. Enfin on ne peut oublier les « aiguilles de Cléopâtre » dont l'une d'elle fut transportée d'Alexandrie à Londres, en 1875, par navire spécialement construit par John Dixon. La seconde, offerte par l'Égypte aux États-Unis en 1881, se dresse à New York, dans Central Park.

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