Qadesh : la plus célèbre bataille de l'histoire égyptienne

 

Le déroulement de cette bataille, qui a eu lieu en l'An 5 du règne de Ramsès II, est connu grâce au Bulletin et au Poème de Pentaour.

Le premier expose les événements dans l'ordre chronologique et est illustré de reliefs retraçant les grandes phases de la bataille ; il apparaît sur les parois des grands temples du roi. Le second, plus littéraire, est un récit épique rédigé par un scribe nommé Pentaour ; il est conservé, entier ou fragmentaire, sur trois papyrus.

Récit de la bataille de Qadech ("poème de Pentaour")
vers 1200 avant J.-C. papyrus (Musée du Louvre).

Parfois, dans les temples, des extraits du Poème accompagnent le Bulletin. La synthèse de tous ces documents permet de retracer cette épopée, présentée comme le symbole de la victoire égyptienne sur les pays étrangers. Au cours de cette bataille, les armées de Ramsès II affrontent celles de Mouwattali, roi des Hittites, coalisé avec des princes syriens et asiatiques.

"Sa Majesté avait mis sur pied de guerre son infanterie, sa charrerie et les Shardanes que Sa Majesté avait pris et ramenés de ses campagnes victorieuses. Ils avaient reçu tout leur équipement ainsi que les consignes de combat. Sa Majesté se mit en marche vers le nord avec son infanterie et sa charrerie, et, après un départ sans encombre le 9e jour du 2e mois de l'été de l'An 5, Sa Majesté passa la forteresse de Silé, fort comme Montou quand il s'avance. Tous les pays de trembler devant lui et leurs chefs d'apporter leurs tributs : tous les rebelles courbent l'échiné par crainte de Son autorité !"

Les Égyptiens arrivent à proximité de Qadesh, sur l'Oronte, lieu d'affrontement entre les deux armées. L'armée hittite, embusquée derrière Qadesh, laisse passer la première division égyptienne, celle d'Amon dirigée par Ramsès II, et fond sur la division de Rê, tandis que les divisions de Ptah et de Seth sont encore loin derrière. Ramsès II se retrouve alors coupé de ses armées et encerclé par les Hittites :

"On vint rapporter l'évènement à Sa Majesté. Sa Majesté jaillit comme Son père Montou. Elle prit Ses armes de combat, enfila Sa cotte de mailles : c'était Baâl en action ! Le grand cheval qui portait Sa Majesté, c'était Victoire-dans-Thèbes de la grande écurie d'Ousir-Maât-Rê, l'Élu de Rê, l'Aimé d'Amon. Sa Majesté fonça sur le vil Hittite, toute Seule, sans personne avec Elle! Sa Majesté s'avança pour jeter un coup d'œil autour d'Elle et Se vit entourée de deux mille cinq cents chars qui convergeaient vers Elle et de tous les éclaireurs du vil Hittite et des pays qui l'accompagnaient."

Abandonné par ses hommes, le roi se tourne vers Amon qui, chose extraordinaire, lui répond. Galvanisé par la présence du dieu, le roi, seul, taille en pièces les ennemis.

Ramsès II sur son char charge au milieu de l'armée hittite lors de la bataille de Qadesh (Ramesseum - second pylône).

Mouwattali envoie, dès le lendemain, une demande d'armistice :

"Ton humble serviteur proclame hautement que tu es fils de Rê, issu physiquement de lui et à qui il a remis tous les pays réunis. Pour ce qui est du pays d'Egypte et du pays hittite, ce sont tes serviteurs ; ils sont à tes pieds : c'est ton père, le divin Rê, qui te les a donnés. N'use pas de ton pouvoir sur nous ! Oui, ton autorité est grande et ta force pèse lourdement sur le pays hittite. Mais est-il bon que tu tues tes serviteurs, le visage terrible contre eux, sans merci ? Regarde : hier, tu as passé ta journée à tuer cent mille hommes, et aujourd'hui tu es revenu et n'épargnes pas d'héritiers. Ne pousse pas trop ton avantage, roi victorieux! La paix est meilleure que la guerre."

Les Egyptiens prétendront que Mouwatalli ne participera pas à la bataille et ne lancera pas dans le combat la totalité ses troupes, pourtant supérieures en nombre, par peur du dieu vivant Ramsès qui serait une incarnation de Baal. Il semble plus probable que Mouwatalli, ayant perdu deux de ses frères au combat et atteint de la maladie qui le fera bientôt disparaître, préférera se replier dans la forteresse de Qadesh plutôt que de continuer une bataille à l'issue incertaine.

Ramsès rentrera en Égypte sans prendre Qadesh. Quelques années après, en l'an 21 de son règne, la montée en puissance de l'Assyrie poussera Ramsès II et Hattousil III à conclure le premier traité international connu de l'histoire. Il prévoit une assistance mutuelle contre tout agresseur extérieur et des clauses très modernes pour faciliter le processus d'extradition et le traitement humain des extradés. Ce traité est également scellé par le mariage de Ramsès II avec la fille aînée du roi des Hittites. A partir de ce moment-là, il n'y aura plus de guerres égypto-hittites en Asie. Nous possédons la version égyptienne de ce traité mais celle hittite a également été retrouvée à Hattussa, la capitale du royaume hittite (dans l'actuelle Anatolie en Turquie).

 

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