L'ennéade

 

A l'origine, une ennéade désigne un groupe de neuf dieux primordiaux qui, à eux seuls, symbolisent l'ensemble des forces élémentaires actives dans l'univers : c'est le cas pour la cosmogonie d'Héliopolis, le premier système élaboré à Héliopolis, l'ancienne ville sainte (aujourd'hui un quartier du Caire) où les pharaons venaient autrefois faire reconnaître leur pouvoir.
Avec le temps, le terme d'ennéade finit par perdre son sens étymologique pour désigner le collège divin à l'origine d'une théologie, et ce, quel que soit le nombre de dieux qui y participent. Ainsi, à Abydos, l'ennéade compte sept divinités et, à Thèbes, elle en compte quinze.

L'origine de l'univers

Pour les égyptiens anciens, l'origine du monde est à rechercher dans l'océan primordial: le Noun, que l'on traduit souvent par "chaos". Il ne s'agit pas d'un élément négatif, mais simplement d'une masse incréée, inorganisée et contenant en elle les germes possibles de la vie. Cet élément ne disparaît d'ailleurs pas après la création : il reste cantonné aux franges du monde organisé, qu'il menace d'envahir périodiquement si l'équilibre de l'univers vient à être rompu. Il est le séjour des forces négatives, toujours promptes à intervenir et, d'une manière plus générale, de tout ce qui échappe aux catégories de l'univers.

C'est de ce chaos qu'est issu le soleil, dont on ne connaît pas l'origine, puisqu"'il est venu à l'existence de lui-même". Son apparition se fait sur une butte de terre recouverte de sable vierge émergeant hors de l'eau et se matérialise par la présence d'une pierre levée, le benben, qui est l'objet d'un culte dans le temple d'Héliopolis, considéré comme le lieu même de la création. La butte de terre évoque clairement le tell émergeant des flots au plus fort des hautes eaux du fleuve, et le benben la pétrification du rayon de soleil, adorée sous l'apparence d'un obélisque tronqué posé sur une plate-forme. Ce dieu qui est son propre créateur est alternativement , le soleil proprement dit, Atoum, l'Être achevé par excellence, ou encore Khepri, que l'on représentait sous la forme d'un scarabée et dont le nom signifie "transformation", à l'image de celle que l'on croyait voir accomplir au bousier qui roulait sa pilule sur les chemins.

Le démiurge tire la création de sa propre semence : en se masturbant, il met au monde un couple, le dieu Chou, le Sec, et la déesse Tefnout, l'Humide. De l'union du Sec et de l'Humide naît un deuxième couple  : le Ciel, Nout, et la Terre, Geb, une femme et un homme. Le Ciel et la Terre ont quatre enfants : Isis et Osiris, Seth et Nephtys.

Le dieu Shou soutient la déesse Nout qui avale le disque solaire rouge le soir et le fait renaître à l'aube.
Tombe de Ramsès IV


 

La légende osirienne

Cette ennéade divine répartie sur quatre générations fait le lien entre la création et les hommes. Les deux dernières générations introduisent, en effet, le règne humain en intégrant la légende osirienne, modèle de la passion qui est le lots des mortels.

Osiris, le Dieu bienfaisant règne sur terre pour le bonheur des humains, assisté de sa sœur-épouse Isis, jusqu'au jour où, après avoir subi une première agression de la part de leur frère commun, il succombe définitivement à l'action néfaste redoublée de Seth. Découpé en morceaux, jeté dans le Nil, il fut recherché par sa veuve transformé en oiselle et planant au-dessus du fleuve. Elle finit par repêcher toutes les parties du corps d'Osiris, à l'exception des organes génitaux. Osiris ne put jamais revivre des mains d'Isis, dont la seule consolation fut de lui rendre un culte funéraire en composant, avec les morceaux de son cadavre, la première momie. Elle fut aidée pour cela par d'Anubis, le dieu-chacal né, dit-on, des amours illégitimes de sa soeur Nephtys avec Osiris..

Le couple divin n'avait aucune descendance. La Déesse décida alors d'utiliser à nouveau son pouvoir magique. Elle reprit la forme d'oiselle et fit réapparaître le membre viril prisonnier du poisson oxyrhinque. Puis elle se posa sur le corps de son époux miraculeusement revirilisé : ainsi fut-elle fécondée pour donner à l'Égypte l'héritier destiné à gouverner l'Égypte : Horus, incarné dans un faucon.

Elle le cache dans les marais du Delta, à proximité de la ville sainte de Bouto, avec la complicité de la déesse Hathor, la vache nourricière. L'enfant grandit, et, après une longue lutte contre son oncle Seth, obtient du tribunal des dieux présidé par son grand-père Geb d'être réintégré dans l'héritage de son père qui, lui, se voit confier le royaume des morts...

L'oiselle d'Isis, fécondée par le défunt Osiris, sous la protection d'Isis et d'Horus le Grand.
Temple d'Abydos, XIXe dynastie.

 

Isis et Osiris.
Temple d'Abydos - petite chapelle d'Horus

 

Osiris, Anubis et Horus
Tombe d'Horemheb

Sources :

- Nicolas Grimal - Histoire de l'Égypte ancienne

- Christiane Desroches Noblecourt - Lorsque la Nature parlait aux Égyptiens

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